SITUATION GÉOGRAPHIQUE DU PEUPLE DES SAMNAGENSES
Le peuple gaulois des Samnagenses était établi dans le bassin de la Cèze et de la Tave, affluents de la rive droite du Rhône, à 40 km au nord de Nîmes, face à Avignon et Orange, à partir de la fin du Ve s. av. JC. Au sud se trouvaient les Volsques Arécomiques, au nord les Helviens.
Leur capitale était double : l’oppidum de Gaujac concentrait les pouvoirs politique et religieux, comme le montrent l’épigraphie et la monumentalité ; l’oppidum du Camp-de-César, commune de Laudun, à 8 km à l’est, avait l’économie et la population comme l’indiquent la présence d’une basilique, la proximité du Rhône et son port antique de Cadenet directement relié à l’oppidum.
La superficie de l’oppidum de Gaujac était de 12 ha intra muros, celle du Camp-de-César de 18 ha intra muros. Mais la zone habitée s’étendait très largement en dehors des remparts.
La bibliographie suivante traite du problème des Samnagenses et de la situation géographique du territoire occupé par cette tribu :
Guy BARRUOL, Les peuples préromains du Midi de la Gaule, 1er suppl. à la Revue Archéologique de Narbonnaise, Paris, 1969 (2ème éd., 1975).
Michel CHRISTOL et Jean CHARMASSON, Une inscription découverte à Gaujac (Gard), Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1987, p. 116-127.
Anne ROTH CONGES et Jean CHARMASSON, Entre Nemausus et Alba : un oppidum latinum ? Les agglomérations antiques de Gaujac et Laudun et la question des Samnagenses, Revue Archéologique de Narbonnaise 25, 1992, p. 49-67.
Anne ROTH CONGES et Jean CHARMASSON, Les oppida de la vallée de la Tave à l’époque romaine et la question des Samnagenses, Rhodanie 51, 1994, p. 31-36.
Anne ROTH CONGES, Glanum, Gaujac, la romanisation de deux villes moyennes de la basse vallée du Rhône, Rhodanie 58, 1996, p. 3-22.
Jean CHARMASSON, L’oppidum de Gaujac (Gard), métropole des Samnagenses, Rhodanie 94, 2005, p. 2-34.
Jean CHARMASSON, L’oppidum de Gaujac en 6 stations, Rhodanie, hors-série n°11, 2006, p. 4 et p. 12.
Jean CHARMASSON, Monique et Claude CÉROU, L’oppidum de Gaujac a-t-il reçu du Triumvir Lépide son titre de Chef-lieu de Cité Latine ? Rhodanie 114, 2010, p. 2-6.
Pline l'ancien situe les Samnagenses en gaule Narbonnaise. Aucune autre source écrite ancienne précise leur localisation. Les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses, essentiellement dans le Gard. La plus probante est une localisation dans le Gard Rhodanien.
Les structures monumentales des oppida de Gaujac et du camp de César à l'époque Gallo-Romaine
Ces deux habitats, distants d'une dizaine de kilomètres, occupent des sommets. Les fouilles archéologiques ont mis en évidence une urbanisation des deux sites avec des remparts, tours de prestige, portes monumentales, voirie au Ier siècle avant et après JC. Le droit de rempart est un indice d'indépendance politique à l'époque Augustéenne.
L'oppidum de Gaujac domine la rivière Tave. Un rempart de 1250 mètres, plusieurs fois remanié, couvre une superficie de 12 hectares. A l'intérieur, 6 terrasses sont aménagées pour faire face à la pente de la colline. Elles supporterons de nombreux monuments publics.
Un ensemble religieux occupe l'une d'elle avec un temple carré dédié à Appolon, une place dallée, des espaces pour le dépôts d'offrandes. Une voie sacrée le traverse et pourrait mener vers d'autres lieux de culte.
En dessous, des thermes public qui ont fonctionné pendant deux cents ans. Élément remarquable quand on sait que l'oppidum ne possède aucune source. L'eau a d'abord été transporté dans des contenants. Par la suite, un système de canalisation collectait l'eau de pluie tombée sur les toits des bâtiment public. Des citernes stockaient l'eau avant d'être distribuée dans les thermes.
A Laudun, le camp de Cesar se trouve sur le plateau de Lacau. Un rempart de 200 mètres de long ferme un espace de 18 hectares. Les falaises constituent l'essentiel du système défensif.. Les fouille de l'époque gallo romaine ont mis au jour un forum et ses boutiques ainsi qu'une basilique. Dans l'antiquité, la basilique désigne le lieu couvert où était traité les affaires économiques et judiciaires de la cité.
Pour s'assurer de la fidélité des populations conquises, l'empire a attribué la Citoyenneté aux élites Gauloises. Elles pouvaient donc exercer le pouvoir local pour le compte de Rome. En échange, le nouvel État (enrichi par la récente conquête du nord de la Gaule) finançait l'urbanisation des capitales régionales.
Les oppida de Gaujac et de Laudun ont bénéficié de ces fonds romains. Les tribus Gauloises n'étaient pas assez prospères pour assumer les coûts des travaux. L'occupation des sites de hauteurs démontre la volonté de l'empire de s'accaparer des instutions locales existantes. Du fait de leurs proximités et de leurs complémentarités, les deux cités administraient une région unique.
Les inscriptions
A Gaujac, une inscription (AE 1992, 1217 - AE 1992, 1218). a été découverte dans l'enceinte du temple :
[Ap]oll[ini]
[---] An[t]onius L(uci) f(ilius) Vo[l(tinia)]
Pater[nu]s aedil[is]
prae[f(ectus) f]abrum
IIIIvir ad aerar(ium)
A Apollon,
Antonius Paternus,
Fils de Lucius de la tribu Voltina,
Edile,
Prefet au travail (de la Narbonnaise),
Gouverneur chargé du trésor (de la cité),
Dédié à Apollon, elle détaille le parcours politique d'un citoyen Romain au milieu du premier siècle après JC. Ce profil de carrière est inédit : il ne se retrouve pas parmi les modéles que nous connaissons, notamment ceux de Nîmes, la capitale des Volques Arécomique, voisin de Gaujac. Ce témoignage épigraphique démontrerait donc que Gaujac avait un statut politique distinct des autres cités.
L'inscription de Tresques (CIL XII 2754)
Il s'agit d'une Epitaphe du Citoyen Craxxius, trouvé à Tresques, localité entre Gaujac et Laudun.
D(is) M(anibus)
T(ito) Craxxio
Severino
collegium
centonar
ior{ior}um
m s colle
g(a)eq(ue) p(osuit) ex
fun[eraticio]
Aux dieux Mânes
Titus Craxxius Severinus
Le collège des centonars de S a posé ce tombeau à son magister
La lecture de l'abréviation m s (7eme ligne) est sujette à interprétation. Anne Roth Conges et Jean Charmasson y voient peut être Magister Samnaga. Nous serions donc devant la tombe du responsable de la confédération des drapiers et pompiers des Samnagenses.
La numismatique
Avant leur intégration dans l'empire Romain, les Samnagenses frappaient leur propre monnaie. Beaucoup d'exemplaires ont été retrouvé dans le Gard Rhodanien (Ales, Gaujac, Laudun, Uzes...) , de l'autre coté du fleuve (Bollene, Orange, Avignon...), le long de voie Domitienne. Même si les monnaies circulent beaucoup, on peut penser que leur centre économique est situé dans la basse vallée du Rhône.
Les recherches archéologiques, l'étude des inscriptions, la numismatique confirme l'hypothèse de Guy Barruol publié en 1969. Les Samnagenses ont sans doute profité du commerce fluvial sur leur Rhône pour asseoir leur hégémonie sur la région à l'époque Gauloise et garder leur statut après la conquête Romaine.